Vers le jour sans déclin
Olga lossky
Des canons de la Première guerre mondiale à l'éclatement du bloc communiste, c'est un siècle d'histoire qu'incarne Élisabeth Behr-Sigel (1907-2005). Siècle durant lequel elle a choisi de marcher dans les pas du Christ, à travers une vie et une pensée engagées au service de la foi chrétienne. Annonciatrice de la Bonne Nouvelle, Élisabeth n'a pas cessé de se mettre à l'écoute de son époque pour faire de l'Évangile une réalité vécue en son temps. La jeune luthérienne, née allemande dans le Reichland d'Alsace-Lorraine, compte parmi les premières femmes à entreprendre des études de théologie à la faculté de Strasbourg, à l'issue desquelles elle ne craint pas d'exercer un ministère pastoral. La rencontre avec la Tradition de l'Église d'Orient, à travers les émigrés russes fuyant la Révolution bolchevique, scelle son destin. Ayant fait le pas de s'unir à l'Église orthodoxe, Élisabeth apparaît comme un trait d'union entre les différentes Traditions chrétiennes. Son engagement pour construire une Église orthodoxe locale en France s'inscrit dans une vie professionnelle et familiale intenses, de même que la réflexion active qu'elle est conduite à mener sur le rôle des femmes dans l'Église. Sa voix de théologienne, audacieuse et libre, est une invitation permanente au dialogue : dialogue entre Orient et Occident à travers le mouvement oecuménique, dialogue de la Tradition chrétienne avec les réalités contemporaines et leurs exigences, dialogue d'une foi solidement ancrée avec un monde séparé de Dieu. Au coeur de sombres pages de l'histoire comme à travers ses drames personnels, la personnalité très entière d'Élisabeth Behr-Sigel, qui continuait d'être à 98 ans le symbole pétillant et vif de l'Orthodoxie française, nous donne le témoignage d'une espérance lumineuse : celle de la présence du Christ ressuscité dans nos vies.
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Elisabeth Behr-Sigel's life (1907 - 2005) embodies an entire century of history, from the canons of World War I to the collapse of the communist bloc. A century during which she chose to follow in the footsteps of Christ, living and thinking in the service of the Christian faith. A herald of the Good News, Elisabeth was always attentive to her epoch, transforming the Gospel into a contemporary living reality. The young Lutheran, German-born in Alsace-Lorraine, was one of the first women to study theology at the Faculty of Strasbourg, after which she had no hesitation in undertaking a pastoral ministry. Her encounter with the Tradition of the Eastern Church via Russian emigrants fleeing the Bolshevik revolution sealed her destiny. Having taken the step of joining the Orthodox Church, Elisabeth takes the form of a link between the different Christian Traditions. Her commitment to building an Orthodox Church in France was part of her intense professional and domestic life, in the same way as her active reflection on the role of women in the Church. Her theologian's voice, audacious and free, is a permanent invitation to dialogue: one between East and West through the ecumenical movement, one of Christian Tradition with contemporary reality and its demands, one of faith firmly rooted in a world separated from God. At the heart of recent history's dark pages and in her own personal dramas, the strong personality of Elisabeth Behr-Sigel, who at the age of 98 was still the sparkling, lively symbol of French Orthodoxy, provides us with testimony of a radiant expectation: that of the risen Christ in our lives.