Il ressort notamment que les frères larges, forts de leur expérience individuelle de la conversion, ne cessent de se prodiguer pour faire des prosélytes, qui adoptent alors un ethos à la fois exaltant et exigeant. Or, jusque dans l'entre-deux- guerres, les convertis apparaissent d'extraction plutôt modeste le recrutement se diversifie par la suite.
Collégialité du ministère de la parole et anticléricalisme péremptoire obligent, toute l'animation des communautés ecclésiales des frères larges révèle par ailleurs une insigne disposition égalitaire et un mépris du formalisme pincé. Ainsi perdure, non sans concessions désormais, une certaine réticence à l'égard du pastorat classique.
Du reste, à l'échelle nationale, si l'évolution globale des CAEF pointe bien vers une honnête structuration dénominationnelle, elle n'efface pas encore la mémoire de leur originelle inappétence à jouer le jeu prétendu mondain de la confessionalisation du christianisme. De façon générale, même s'ils ont bien entrepris quelques oeuvres sociales, c'est au siècle futur que les frères larges cherchent avant tout à s'atteler.
L'auteur
Sylvain Aharonian est professeur à l'Institut Biblique de Nogent et exerce des responsabilités dans une Église évangélique affiliée aux Communautés et Assemblées Évangéliques de France.