Il m’a fallu répondre au choc de deux événements conjoints : la mort d’un maître et d’un ami, et les horreurs parisiennes. Ces réalités constituent une énigme où se confrontent l’invisible et le monstrueux, la violence et le secret, l’élégance et l’obscénité. Elles m’ont forcé à évoquer les « derniers jours » : ceux de René Girard et la fin des temps qu’il pensa dans son œuvre.
Mais beaucoup se sont mépris sur son pessimisme. L’annonce d’un démembrement du monde révélait moins la mélancolie d’un romantique que la joie du Royaume entrevu un soir d’été en Avignon ou dans le silence parfumé de Stanford. J’ai voulu rendre présent ce penseur apocalyptique qui fut drôle et discret, dont l’espérance était profonde.
Ce livre raconte une amitié. Il présente l’œuvre de Girard dans la lumière rétrospective que constitue sa fin. C’est au « jour de colère » que se fait entendre la parole. La sienne et celle des textes qu’il sut génialement interpréter : les Evangiles, Shakespeare, Stendhal ou Proust garderont longtemps pour moi l’accent du Midi.