Alors que nous les voulions fécondes, il arrive que nos amours restent stériles. Le ciel serein s'obscurcit alors brutalement, gâchant le bonheur d'un couple que rien ne semblait pouvoir contrarier. La médecine peut aujourd'hui soulager cette souffrance de la stérilité grâce à ce que l'on a coutume d'appeler l'assistance médicale à la procréation (AMP) ou la procréation médicalement assistée (PMA). Bien que relativement efficaces, ces nouvelles pratiques procréatives sont la cible de nombreuses critiques, souvent à caractère éthique. On reproche à l'AMP sa violence, une violence qui forcerait les corps, contrarierait la nature et remodèlerait les rapports habituels de filiation. Cette entreprise critique qui, sous certains aspects, ne manque pas de pertinence, s'exprime cependant de façon tellement outrancière qu'elle en devient proprement injuste. On peut en effet parler d'injustice devant un mouvement critique qui semble ignorer la souffrance des couples infertiles et l'efficacité de la médecine pour alléger cette souffrance. Mais s'il faut reconnaître l'injustice dont elle est victime, il n'est pas pour autant légitime d'offrir un blanc-seing à l'AMP. Très dépendante du développement techno-scientifique, la médecine procréative est entraînée dans une fuite en avant que rien ne semble devoir arrêter, si ce n'est peut-être, justement, la souffrance des patients à laquelle elle est censée répondre et qu'elle pourrait, en débordant, encore amplifier. Pour éviter de tels débordements, l'auteur propose aux praticiens de l'AMP et à leurs patients actuels ou potentiels quelques éléments pour construire une nouvelle éthique amoureuse.

--

We would all like our love relationships to be fruitful, but sometimes they remain sterile. The blue skies suddenly darken, spoiling the couple's happiness that seemed so utterly perfect. Today, medicine can give hope to sterile couples thanks to what we generally term medically assisted procreation (MAP). Although they are relatively successful, the new techniques are the target of criticism, often ethical in nature. They are accused of being violent, of forcing the body, going against nature and remodelling the usual parent-child rapports. Sometimes the criticism, which is in some ways pertinent, is expressed in such extreme terms that it becomes simply unfair. The accusation of injustice is not too strong when critics ignore the distress of infertile couples and medicine's ability to relieve it. But although we may acknowledge the unfairness of certain critics, it does not justify giving MAP a free hand. Extremely dependent on techno-scientific progress, procreative medicine is moving ahead at such a pace that nothing seems able to stop it - unless it is the suffering of those very patients whose distress it is supposed to ease, but could, by going too far, increase. To avoid such extremes, the author provides a few elements on which to construct a new love ethic. For practitioners of MAP and their present or future patients.