« Tour à tour présentée comme une oeuvre théorique, didactique, intellectuelle, selon les temps et les auteurs, l'Art de la Fugue a connu tellement d'heurs et de malheurs, qu'à la fin le mélomane ne sait plus à quel saint se vouer pour se forger une opinion à peu près correcte...s'il n'y avait point ce superbe enregistrement réalisé aux Éditions Hortus par Régis Allard. Trente secondes d'écoute suffisent pour balayer tout doute: oui, l'Art de la Fugue est une oeuvre superbe qu'il faut absolument écouter, du moins dans cette version. Régis Allard a pris le parti de mettre à profit les ressources excellentes de l'orgue de Saint-Louis en l'Isle de Paris, un instrument superbe qui convient absolument pour rendre l'équilibre transparent et finement ciselé de tous ces méandres contrapuntiques, dans lesquels le vieux Cantor nous mène au gré de son génie. Pour mettre à mal tous les préjuges, et rendre le statut d'oeuvre musicale à l'Art de la Fugue, Régis Allard exploite avec une évidente maîtrise les 51 jeux répartis sur trois claviers et pédaliers de l'orgue construit par Bernard Aubertin selon les préceptes du Cantor lui-même, donnant à chaque fugue une vie extraordinaire. Les deux CDs s'écoutent d'un seul souffle, captivent l'auditeur dès les premières notes pour ne le libérer qu'à la fin du second CD. Chaque fugue est registrée avec soin et raffinement de sorte que l'auditeur ne serra jamais fatigué par une registration inadéquate. Jean-Sébastien Bach n'avait pas spécifié la destination de cette oeuvre, ouvrant ainsi la porte aux plus folles spéculations. Régis Allard, pour sa part, nous a convaincu qu'il s'agisse d'une oeuvre pour orgue et, lorsque même l'organiste arrivait au limites de ses possibilités techniques, il n'a pas hésité à faire appel à un confrère pour interpréter deux fugues à quatre mains : en l'occurrence Emmanuel Mandrin. »