Au cours de ces années, le monde de la rue s'est agrandi, complexifié, étendu, peuplé de nouveaux individus : des femmes, de plus en plus nombreuses, des jeunes errants avec leurs chiens ou leurs rats, des étrangers sans papiers, des personnes âgées égarées… Un monde avec ses niches, ses « sites », ses rites et ses routines, mais où la souffrance, la violence et l'alcool sont omniprésents.
Sylvie Quesemand Zucca analyse les effets, sur la durée, de la vie sans abri sur les individus : la perte des repères fondamentaux que sont l'espace, le temps, le langage, le rapport à l'altérité et donc à l'échange. Elle montre, sans pathos, comment l'inutilité sociale, la honte, la relégation produisent une lente déshumanisation. Attentif et inquiet, son témoignage nous rappelle que les bords extrêmes de notre société révèlent une part centrale de sa réalité.