De Cuba, les dépliants touristiques en font des descriptions éblouies : les bistrots chers à Hemingway, les villages colorés, les maisons à colonnades roses, jaunes et vertes, les fabriques à cigares, les plantations de tabac et de café. Mirtha en fait, elle, une description sans concession au romanesque. Elle y dépeint une île qui confesse la faillite de l'idéal révolutionnaire, un peu­ple qui compose avec un quotidien aléatoire. Cette Cubaine résume à elle seule cinquante ans d'histoire et de guerre froide. Il a souvent fait sombre dans sa vie. Une vie qui ressemble à un long voyage entre Cuba, 1 'URSS, la Pologne et la France ... Elle a connu la discipline du communisme avec le travail « volont­aire » aux champs dans les montagnes de Cuba, le déracinement dans une Union soviétique désagréable aux Cubains, la sépara­tion avec son fils. De vrais cauchemars éveillés. Mais elle n'a jamais renoncé et a toujours choisi la vie. Ce petit bout de femme a mangé son pain noir. C'est de son devoir aujourd'hui de le partager et de donner un peu d'espoir aux nouvelles géné­rations. Voilà un roman qui se lit parfois avec les larmes aux yeux mais qui réjouit l'âme.