Pour mieux le comprendre, il importe de reprendre le texte biblique dont les Pères disposaient : celui de la Septante ou une des versions de la Vetus Latina. Or, le texte de la Septante a son propre vocabulaire et a été écrit dans le milieu du judaïsme hellénistique romain, comme l'explique Cécile Dogniez, ce qui implique déjà une rencontre entre hellénisme et judaïsme.
D'une autre manière, Philippe Lefebvre explique comment l'évangile de Luc a repris un certain nombre d'éléments venant de la Genèse, montrant comment «?la Genèse en retour, abordée comme le livre inaugural qui oriente déjà vers un télos (finalité) énigmatique, reçoit de la figure évangélique du Christ sa réponse et son accomplissement, sa téléiôsis ( finalisation , achèvement ) pour reprendre un terme clé du début de Luc (Lc 1, 45). L'évangile propose une nouveauté inouïe en racontant comment le fils du Très-Haut (Lc 1, 32) naît d'une femme, mais cette nouveauté n'est pas pure irruption, coup de théâtre imprévisible?» (p. 23), elle est fondée dans la Genèse.
Puis, Gérard Nauroy, spécialiste d'Ambroise, explique comment, dans la Lettre 29, l'évêque de Milan se situe par rapport au De opificio mundi de Philon d'Alexandrie.
Finalement, Jacques Elfassi nous fait connaître, de première main, en traduisant les textes, le point de vue d'Isidore de Séville sur la création, ce qui amène à comprendre qu'Isidore est aussi exégète et pas seulement dans les oeuvres qu'on connaît habituellement.
Ainsi sommes-nous amenés à revisiter, avec les Pères, le texte de la Genèse pour en découvrir toute la richesse et la profondeur. Nous l'avons fait dans un colloque, organisé dans le cadre de la MSH Lorraine, par le projet JECP, les 30 novembre et 1er décembre derniers et ce numéro de Connaissance des Pères de l'Église en reprend les grandes lignes.Marie-Anne VANNIER