Ils étaient rangés en piles dans l'armoire de la classe. Chaque cahier était une page blanche, un nouveau départ. Ils étaient nos compagnons de labeur et parfois de chagrin. Pages d'écriture, d'arithmétique, dessins de poésie, rédactions, cahiers de couture ou de sciences... Leçons de morales ou d'hygiène... Frises à colorier, tampons d'encre violette, derniers porte-plume, premiers Bic... Il y a des cahiers délicats, composés à la plume sergent-major, digne des plus grands calligraphes, des dessins somptueux où l'écolier s'était fait peintre, des cartes de géographie plus belles que dans les livres. Il y a aussi des cahiers de cancres, tâchés, couverts de petits dessins dans les marges, zébrés de rouge par une main impitoyable. Année après année, sur nos pupitres de bois, nous avons déposé entre leurs lignes, le savoir transmis, parfois avec sévérité, souvent avec tendresse, par nos maîtres et nos maîtresses. Nos cahiers d'écoliers ont capturé le charme de l'enfance. Ils sont notre album d'école. Sur un siècle, un florilège inédit et savoureux de nos plus beaux cahiers.