"Comme il est bon et beau de me trouver ici avec vous. Merci d'être venus, et permettez-moi de vous parler comme à des amis.Nous sommes réunis un peu à l'écart pour demeurer seuls et pouvoir parler coeur à coeur, comme Pasteurs auxquels Dieu a confié son Troupeau.
Avant tout, il ne faut pas céder à la peur dont parlait le bienheureux John Henry Newman : « Le monde chrétien est en train de devenir graduellement stérile, et s'épuise comme une terre exploitée à fond qui devient du sable ». Il ne faut pas céder au désenchantement, au découragement, aux lamentations. Nous avons beaucoup travaillé et, parfois, il nous semble être des vaincus, et nous avons le sentiment de celui qui doit faire le bilan d'une période désormais perdue, regardant ceux qui nous laissent ou ne nous considèrent plus comme crédibles, importants.
Chers frères, si nous ne formons pas des ministres capables de réchauffer le coeur des gens, de marcher dans la nuit avec eux, de dialoguer avec leurs illusions et leurs désillusions, de recomposer ce qui a été détruit en eux, que pouvons-nous espérer pour la route présente et future ? Il n'est pas vrai que Dieu soit obscurci en eux. Apprenons à regarder plus en profondeur : il manque celui qui réchauffe leur coeur, comme avec les disciples d'Emmaüs. Il est important de promouvoir et de soigner une formation qualifiée qui fasse des personnes capables de descendre dans la nuit sans être envahies par l'obscurité ni se perdre ; d'écouter les illusions d'un grand nombre, sans se laisser séduire ; d'accueillir les désillusions, sans se désespérer ni tomber dans l'amertume ; de toucher ce qui a été détruit chez les autres, sans se laisser dissoudre ni décomposer dans sa propre identité."