Le conflit semble une expérience quotidienne, universellement partagée. Or, il est perçu et traité de façon diamétralement opposée en Occident et en Chine. Cela tient à des cultures radicalement différentes, dont les véhicules linguistiques eux-mêmes n'ont presque rien en commun. En Occident, le conflit s'inscrit dans l'optique d'un rapport entre raison et déraison. Deux voies s'ouvrent alors : l'intériorisation, qui mène à la folie ou l'anéantissement d'un des deux termes en conflit, qui conduit à la révolution. Pour les Chinois, il s'agit plutôt d'un obstacle à la bonne circulation des souffles vitaux, donc d'une déperdition néfaste d'énergie. Il s'agit alors de désamorcer le conflit, de le contourner, pour rétablir les voies de passage nécessaires à la continuation de la vie : le non-agir se révèle la forme la plus subtile et la plus efficace de l'action.