Si les Pères sont les fon­da­teurs de la civi­li­sation chré­tienne, c'est parce qu'ils ont su har­mo­niser foi et culture, plus pré­ci­sément : foi chré­tienne et culture gréco-??romaine. Pion­niers, ils le furent en de nom­breux domaines : ceux de l'exégèse, de la liturgie, de la dog­ma­tique, de la spi­ri­tualité..., eux qui ont dû annoncer la nou­veauté de l'Évangile dans un monde qui ne l'attendait pas et dont les concepts, l'art... n'étaient pas adaptés pour l'exprimer. Ainsi peut-??on remarquer leur pla­to­nisme, mais un pla­to­nisme entière-??ment renouvelé pour exprimer le message évan­gé­lique, comme l'explique Goulven Madec, en un article de syn­thèse. En d'autres termes, ils ont retenu les struc­tures de la phi­lo­sophie qui exprimait le mieux le sens (le la trans­cen­dance dans le monde grec, mais ils l'ont reo­rientée, à la lumière de l'Incarnation.
A une époque comme la nôtre où, après le Concile Vatican Il et à la suite du dia­logue inter­re­li­gieux, on est attentif à l'expression du chris­tia­nisme dans les dif­fé­rentes cultures, la lecture (les Pères prend un relief nouveau : on com­prend mieux comment ils ont permis au chris­tia­nisme (le pénétrer dans le monde médi­ter­ranéen et comment ils ont forgé des notions chré­tiennes que l'on utilise encore aujourd'hui : celles de consub­stan­tialité, d'union hypo­sta­tique..., comme le montre, d'une autre manière, Jean-??Pierre Levet pour les Pères Apos­to­liques. De plus, le dia­logue qu'ils ont engagé avec la culture de leur époque est éga­lement sti­mulant pour nous, non pour que nous le repre­nions tel quel (les caté­gories ont changé), nuis pour que nous réa­li­sions un dia­logue ana­logue avec la culture contem­po­raine, afin de dégager, par exemple, les grands axes de l'anthropologie chré­tienne. Sur ce plan, des auteurs comme Jean Chry­so­stome et Basile de Césarée sont déter­mi­nants, comme cela ressort de l'article de Lau­rence Brottier, qui a été le maître d'oeuvre de ce numéro, et de celui de Benoît Gain.
Sans doute aurait-??il fallu plus d'un numéro pour envi­sager dans toute son ampleur le rapport entre foi et culture, mais tel n'est pas notre but, nous sou­haitons seulement ouvrir des pers­pec­tives qui per­met­tront aux uns et aux autres d 'aller plus loin dans leurs recherches et dans leur réflexion.

Marie-??Anne Vannier