Eugène lemoine, 1920-1945
Pierre de couessin
Eugène Lemoine. Un petit gars de Saint-Brieuc, né en 1920. Son histoire va être brève, mais avec une extraordinaire densité humaine et chrétienne. A 14 ans, apprentissage de menuisier, puis compagnon. Très vite, il va entrer dans la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) naissante. Il connaît le Front Populaire de 1936. En juillet 1937, il est au Parc des Princes au milieu de 50000 autres jeunes travailleurs. En 1942, il devient Président de la JOC de son département. C'est l'Occupation. Plusieurs possibilités : entrer dans la Résistance ? Rejoindre la France Libre ? Mais, parce qu'il était jociste, ce petit menuisier, qui se voulait pleinement du monde ouvrier, va subir le STO en Allemagne. Assurément, il avait, le 14 mars 1943, dénoncé véhémentement ces mesures iniques de déportation. Pour le Christ, loin de se dérober à cette mesure, il s'est voulu solidaire des requis : Pour moi, je pars accompagner les gars qui n'ont pas le choix. Je serai jociste au milieu d'eux. Le voici à Wittenberg, la patrie de Luther. Tout de suite, il reprend sa vie militante. La JOC s'organise clandestinement. Le carnet de bord d'Eugène, rapporté par des camarades, va parler de merveilles et d'horreurs. Une première arrestation : Vous êtes manipulé par Suhard (cardinal-archevèque de Paris), vous êtes trop bon. Libération au bout de 21 jours. Épuisé, il raconte ce qu'il a vu et vécu. Malgré le décret qui interdit l'apostolat catholique en Allemagne, il persiste. Nouvelle arrestation. Camp de concentration de Z6schen. Travail abrutissant. Le voici dans un de ces effroyables "réviers" dont ont parlé les rescapés. Dysenterie généralisée. Absence de soins. Agonie solitaire. D'après les archives allemandes, il meurt le 8 février 1945.