Dans la tradition philosophique et théologique de l'Occident, saint Anselme n'est pas seulement l'auteur génial de traités aussi fondamentaux que le « Proslogion » ou le « Cur Deus homo ». Abbé du Bec, archevêque de Cantorbéry, il fut, de bon ou de mauvais gré, en relation avec de nombreux personnages de son temps. En témoigne l'ensemble des 475 lettres qui forme la moitié de son oeuvre écrite. Au hasard des circonstances s'y côtoient l'effort pour régler les affaires temporelles, le témoignage de l'amitié, la réflexion sur tel ou tel point de la foi, le conseil spirituel. Loin d'être annexe, ce corpus, dont voici le premier des trois volumes (1059-1093), fait mieux voir le primat que ce Père et docteur de l'Église accorde à la gracieuse liberté de « la Voie qui les dépasse toutes » (1 Co 12, 31).