« Automne ou printemps de l'Église ? », s'interroge le cardinal Suhard, archevêque de Paris dans cette célèbre lettre pastorale en 1947. Lorsque l'Église traverse une crise, les catholiques sont tentés par deux attitudes : « se raidir pour tout sauvegarder ou s'incorporer pour tout conquérir ». En tirant « la leçon de l'histoire », l'archevêque décrit les conditions de l'essor, dissipant les erreurs, invitant à l'apostolat particulièrement auprès des masses populaires coupées de l'Église. Il apporte ainsi « aux chrétiens la double réponse qu'ils attendent : une action humainement efficace et une doctrine pleinement catholique. »
Ce texte et les intuitions de son auteur sont restés d'une brûlante actualité. On y lit déjà « N'ayez donc pas peur... d'être moins chrétiens en étant plus hommes » ... alors que Jean-Paul II rencontrera le cardinal Suhard dès 1948. C'est aussi la belle et pertinente orientation pastorale du pape François : « la mission de l'Église est de sortir pour aller à la rencontre de l'humanité telle qu'elle est » qui est déjà celle du cardinal Suhard en 1943 : « L'ensemble de nos populations ne pense plus chrétien. Il y a entre elles et les communautés chrétiennes un abîme. Il fait sortir de chez nous, aller chez eux. » (Carnets, 20 Mars 1943).