La crise financière ouverte depuis l'été 2007 n'est pas seulement remarquable par son ampleur mais aussi par le fait d'être la n-ième d'une longue série de convulsions des marchés, ouverte. depuis que la déréglementation a été lancée ! Or, pour comprendre le principe de ces crises à répétition, il n'est pas d'autre moyen que d'ouvrir la " boîte noire " et de se colleter avec le fonctionnement précis des produits financiers et des marchés où ils sont traités. Lors même que les activités de la finance ont un impact, parfois dramatique, sur l'économie réelle, il est presque impossible d'en discuter démocratiquement tant la complexité intrinsèque des produits et des marchés fait écran et rend le débat impossible, tenant éloignés ceux-là mêmes qui y seraient pourtant les principaux intéressés - citoyens et salariés.
Cet ouvrage a pour but de déchirer ce voile et de rendre autant que possible appropriables les mécanismes techniques de la finance spéculative, tels qu'ils ont été impliqués dans la crise présente, appropriation qui est le préalable à une re-politisation de la question financière. On peut même dire les choses plus précisément : comprendre est désirable en soi, mais plus encore comme préparation à l'action. Car c'est là le deuxième objectif de cet ouvrage, qui fait déboucher l'analyse sur un schéma d'ensemble de reconstruction des structures de la finance, et apporte à la question " jusqu'à quand ? " une réponse simultanément technique et politique : à partir de maintenant, c'est assez !
Frédéric Lordon est directeur de recherche au CNRS, économiste au CSE. Il a déjà publié La Politique du capital (Odile Jacob, 2002) et L'Intérêt souverain (La Découverte, 2006), et aux éditions Raisons d'agir Fonds de pension, piège à cons ? (2000) et Et la vertu sauvera le monde. Après la crise financière le salut par " l'éthique " ? (2003)