Grand âge, mode d'emploi.
Les livres sur les personnes âgées se répartissent en deux catégories : les littéraires et les techniques. Écrit à la première personne, d'une plume légère et élégante, celui-ci est avant tout un mode d'emploi. Mais un mode d'emploi qui n'a rien d'abstrait ni de théorique : il s'enracine dans une histoire d'amour entre une fille et sa mère, et s'incarne dans l'accompagnement d'une très vieille dame pleine d'humour et incroyablement présente.
Avec des parents entrés dans la grande vieillesse, l'affection, l'amour ne sont plus suffisants. Quand les petites cellules de la mémoire disparaissent, que les échanges s'appauvrissent, que la dépendance physique s'accentue, on ne peut plus se comporter comme avant. Comment aborder cette période ? Au fil des jours, l'auteur apprend, sur le tas, à combattre la résignation et la passivité devant l'inéluctable et, de récits en anecdotes, nous fait part de ses découvertes. Il est difficile, parfois ardu de devenir la mère de sa mère ; mais il est possible de construire ces nouvelles relations et même de les enrichir.
Deux écueils majeurs sont à éviter : l'ennui et l'agacement. Que faire ? Ne pas demander à quelqu'un ce qu'il ne peut plus vous donner, ne pas se lasser de répéter et répéter encore ; apprendre à raconter davantage, trouver les mots qui apaisent, faire appel à l'expérience des autres...
Mais on ne peut donner que ce qu'on est – " On guérit avec ce qu'on est " écrivait Jung... Donc il faut se nourrir au dehors, vivre sa vie, engranger et venir déposer dans les vieilles mains usées la moisson recueillie. Plus profondément, pour rendre la vieillesse de l'autre plus douce, il n'y a pas d'autre choix qu'avancer sur son propre chemin, essayer d'acquérir un cœur plus ouvert, un peu plus de sagesse, et cela passe par un travail sur soi-même. Fondée sur l'altruisme et la réflexion, c'est une magnifique leçon de vie et, à travers sa mère, de fin de vie que donne ici Dominique Raoul-Duval.