La postérité, qui bégaie parfois, hésite, sait aussi se rattraper, assignera à l'auteur de «Saint François» la place qui lui revient parmi nos contemporains. Mais sept ans après sa mort, il n'est pas trop risqué d'affirmer qu'Olivier Messiaen est déjà l'une des grandes références de notre époque. Je me souviens du temps où le public a hué les "archets-volière" de «Chronochromie», un temps un peu plus lointain où enregistrer la «Turangalîla-Symphonie» relevait de l'exploit. Le baromètre discographique — une bonne douzaine de versions enregistrées de cette dernière oeuvre, s'échelonnant sur trois grandes décennies — donne la mesure du chemin parcouru. Certes, à l'exception de quelques fidèles, les représentants des milieux musicaux n'ont pas été les serviteurs les plus zélés d'une esthétique qu'ils ont paradoxalement considérée à la fois comme trop naïve et trop complexe. Mais c'est le grand public qui, lorsque l'occasion lui en a été donnée, a progressivement adhéré à une oeuvre tendre, violente, expressive, souvent magique et toujours colorée."
C. S.
(Extrait de l'introduction)