Le père Yves de Montcheuil, né en 1900 et fusillé à Grenoble le 12 août 1944 pour avoir été trouvé dans le maquis du Vercors, est un théologien injustement oublié aujourd'hui. On a retenu de lui sa mort admirable, on ne se souvient plus de l'influence décisive qu'il a exercée sur les étudiants des années 1940 et sur les séminaristes d'après-guerre. Son oeuvre théologique se révèle aujourd'hui un des lieux de la germination qui aboutira au concile de Vatican II. De 1921 à sa mort, Yves de Montcheuil fut le grand ami du futur cardinal de Lubac pour qui sa disparition fut un drame. Les deux amis échangeaient continuellement entre eux sur tous les sujets en mouvement, en philosophie et en théologie à l'époque post-moderniste. Montcheuil fut entraîné post mortem dans la crise de 1950 et certaines de ses oeuvres furent interdites. Mais il ne connut pas la réhabilitation dont a bénéficié le père de Lubac. Ce livre, appuyé sur la relecture complète des oeuvres publiées du père de Montcheuil et sur un long travail d'archives - car les inédits sont très nombreux -, entend restituer la théologie personnelle de Yves de Montcheuil et la resituer dans le mouvement de la pensée théologique du XXe siècle. Les apports de Montcheuil concernent l'interprétation de saint Augustin, la théologie fondamentale et la question du surnaturel, la christologie et la sotériologie, en particulier la théologie du sacrifice et la réinterprétation de la doctrine de la satisfaction, l'ecclésiologie (son livre « Aspects de l'Église » annonce le plan de « Lumen gentium »), les sacrements et en particulier l'eucharistie sur laquelle il préparait son premier ouvrage de fond. Il évoque enfin l'enseignement spirituel d'un homme qui mit toujours son existence et son agir en plein accord avec ce qu'il disait. Le livre est complété par la publication de cinq inédits.