Ici l'apocalypse avait déjà eu lieu. La dévastation avait engendré la beauté avant qu'à son tour la beauté ne sème la dévastation. Dans ce décor propice à l'invention des dieux, nous nous baignons tranquillement aux portes de la mort, savourant la proximité du ciel et de l'abîme.
Dans ce livre majeur, Stéphane Lambert dit le chaos d'une enfance abusée. Au hasard des jours, en se rendant chez un thérapeute, il se retrouve à son insu, trente ans plus tard, dans l'immeuble-même de son ancien abuseur. A partir de là il remonte le fil de son enfance et de ce qu'on a voulu taire, en mesurant avec quelle force le passé imprégnait sa vie présente. Il perçoit dans le souvenir traumatisant d'une famille qui vole en éclats, l'écho de la crise qu'il traverse en tentant d'aimer. Et quand survient la mort du père, d'anciens séismes se réveillent sur cette île grecque où il a trouvé refuge pour écrire. Ce sont dans les failles les plus profondes que les livres tentent la difficile communion du meilleur et du pire.