Cet ouvrage rassemble les interventions des participants du colloque qui se tint il y a peu, à la Sorbonne, sur l'actualité du christianisme à l'aube du xxie siècle.Certes, il ne s'agit pas d'y dresser un « bilan » de l'ère chrétienne qui oserait s'y risquer ? sinon pour constater, avec H. Maier, l'enracinement définitif du calendrier chrétien mais de demander, de se demander, ce que le christianisme a rendu possible, ou impossible, dans l'ordre de l'histoire, de la politique, de l'art, de l'éthique, depuis qu'il gouverne secrètement le destin de l'Occident. Dans ces pages, une controverse se fait ainsi jour entre A . Renaut , A . Finkielkraut et C. Taylor sur l'éthique de nos sociétés démocratiques, dont R . Brague interroge la volonté de survie, ou entre le philosophe K . Flasch et le cardinal Ratzinger, sur le caractère libérateur ou oppressif d'une prétention à la vérité. Une critique de l'idée d'« art chrétien » par A . Besançon fait face à l'analyse de J. Kristeva sur l'évolution de la représentation de la beauté féminine, des Madones aux nus, et au verdict de P. Brunel sur le renouveau de la musique sacrée. On trouvera également, dans les méditations de la psychanalyste M. Balmary, du pasteur E. Fuchs, ou de G. Steiner, une matière à réflexion bien différente des propos strictement « philosophiques » tenus par J.-L . Marion et G. Vattimo, le premier réfléchissant sur une forme d'infinité dans l'homme, et le second sur la nouveauté radicale du christianisme qui fait penser la vérité comme amour et amitié, tandis que M. Henry propose une phénoménologie de la vérité faite chair. Enfin, R . Girard se risque ici à une critique de Heidegger et de l'idée d'« ère post-chrétienne » dont le sociologue J. Baechler tend à montrer qu'elle ne saurait s'appliquer ni au présent, ni au futur prévisible.
Florilège plutôt que « somme », le présent ouvrage reflète également un âge singulier de la pensée où l'héritage des Lumières est mis en cause. Il permet surtout de faire le point sur le sens moderne d'une religion dont on ne sait si elle agonise ou si elle traverse une de ses étapes les plus réformatrices.