Chretiens et juifs sous vichy(1940-1944)
Limore yagil
La plus grande partie des communautés juives d'Europe a été totalement anéantie par ce que les Allemands ont appelé « la solution finale ». Le même projet a nourri l'occupation de la France, mais, contrairement à ce qui s'est passé ailleurs, un peu plus de la moitié de la communauté juive qui y était installée a survécu. La présente étude historique se propose d'analyser le sauvetage des juifs de France non seulement comme l'action héroïque de ceux qui sont entrés dans la Résistance, mais aussi comme le résultat d'une capacité diffuse et répandue de désobéissance civile chez les Français qui, en grand nombre, refusaient de rester passifs devant la souffrance des juifs. La diversité des actions de sauvetage, en zone libre comme en zone occupée, la propension des laïcs et des religieux à ne pas exécuter les lois du régime de Vichy et les exigences des autorités allemandes, la relativité de l'application des décisions gouvernementales sont révélatrices de cette attitude qui a débuté dès 1940, avant les rafles de l'été 1942. Désobéir, c'était, à certains moments, prendre des risques pour ne pas collaborer et pour tenter de sauver autrui c'était refuser d'aider à tuer. C'était agir seul, les mains nues, dans la clandestinité et la crainte d'être démasqué. Si plus de la moitié des juifs de France ont survécu, on le doit à cet engagement en leur faveur.
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Most of Europe's Jewish communities were totally destroyed by what the Germans termed ‘the Final Solution'. This same project led to the occupation of France, but, as opposed to what happened elsewhere, more than half of France's Jewish community survived. This historical study analyses the rescue of French Jews, not only due to the heroic exploits of the Resistance, but also as a result of the French people's widespread aptitude for civil disobedience. A great many Frenchmen and women refused to remain indifferent to the Jews' suffering. Their attitude, which began as early as 1940 - before the raids of '42 - is manifest in the diversity of actions carried out to save Jews throughout the free and occupied zones in the propensity for lay people and clerics not to execute the laws of the Vichy government or the demands of the German authorities, and in the partial manner in which governmental decisions were applied. At times, disobedience meant taking risks, refusing to collaborate in order to save lives, refusing to help others kill. It meant acting alone, unarmed, clandestinely and in constant fear of being discovered. If more than half of France's Jews survived, it is also thanks to this commitment in their favour.