à lire et à écrire, à compter et à prier, a-t-il désobéi à ses parents, été corrigé par ses maîtres, ou bien a-t-il tout
su dès sa naissance ? Les évangiles canoniques n'en disent rien, les textes apocryphes fournissent des réponses peu crédibles, et le magistère de l'Église ne se prononce guère à ce sujet.
Les peintres eurent donc carte blanche, surtout en Occident. L'auteur les interroge longuement, et classe leurs
oeuvres. Les uns montrent un enfant qui n'en est pas un, un adulte en réduction. D'autres, plus rares, s'aventurent à décrire Jésus passant par des apprentissages. D'autres encore, finalement nombreux, l'imaginent comme un enfant ordinaire mais doté dès son plus jeune âge de visions prémonitoires sur ce qui l'attend, la mort en croix. Au total, cette enquête novatrice établit que bien peu d'artistes ont attribué à Jésus une enfance véritable, comme si elle lui avait été dérobée par sa divinité. La peinture religieuse serait-elle innocemment hérétique ?
L'imagination et le dogme, en tout cas, ne marchent pas toujours main dans la main...
Théologien, historien des religions et historien de l'art, François Boespflug est l'auteur de nombreux ouvrages sur les rapports entre les monothéismes abrahamiques et les beaux-arts.