Toute société, même la plus désabusée, nourrit un culte des héros et des grands hommes, modèles proposés à l’admiration publique, préférences avouées et revendiquées. Mais alors que les rituels classements ou sondages d’opinion donnent pour personnalité préférées des Français des sportifs – Zidane, Noah – ou des religieux – l’abbé Pierre, sœur Emmanuelle –, il semble que l’histoire ne possède plus de figure propre à susciter l’adhésion nationale.
C’est à cette question qu’Alain Corbin s’emploie à répondre, dans un essai bref et percutant. Après une réflexion générale sur le statut de héros ou de grand homme, il revient sur les figures légendaires, tour à tour adulées, oubliées, voire honnies, qui composent le panthéon national. De Clovis à Henri IV ou Napoléon, de Richelieu à Gambetta, ce sont surtout des monarques, des hommes d’État, des guerriers qui ont cristallisé l’attention du peuple.
Alain Corbin interroge les ressorts de l’admiration et le mode de fabrication des héros : après la gloire militaire, la foi dans le progrès puis la soif d’aventure firent les grands hommes et, de nos jours, c’est dans le domaine du compassionnel et de l’humanitaire que l’on trouve les héros.
A l’heure où l’on parle d’une maison de l’histoire de France, ce court essai apporte des analyses salutaires.