Peu connu, Eucher n'en est pas moins un auteur important et inté­ressant, un théo­logien et un exégète. Il s'est retiré avec sa famille au monastère de Lérins que S. Honorat venait de fonder, avant d'être nommé évêque de Lyon.
Ses deux fils : Salonius et Veranus seront res­pec­ti­vement évêques de Genève et de Vence. À Lérins, il écrivit, dans les années 430, le De lau­deeremi, que pré­sente Manté Len­kaityté et le De contemptu mundi, que John Pepino situe dans son contexte avant de le com­menter. Son Éloge du désert, qu'il rédigea pour célébrer la vie à Lérins et qu'il dédie à Honorat, le fon­dateur de Lérins, est l'un des plus beaux textes sur le désert chrétien qui soient par­venus jusqu'à nous.
C'est une véri­table théo­logie et une spi­ri­tualité du désert qu'Eucher propose à travers ce texte. Pendant sa retraite à Lérins, il écrivit éga­lement deux traités d'exégèse : les For­mulae spi­ri­talis intel­li­gentiae, ce « premier dic­tion­naire des sym­boles bibliques », que pré­sente Martine Dulaey, et les ins­truc­tions. On ne sait pas pourquoi il fut nommé évêque de Lyon et il n'y a guère d'informations sur son épis­copat, qui se situe entre 441 et 449-??455. Un seul texte nous reste de cette époque : la Passion de S Maurice et de ses compagnons.
Pour les lec­teurs de Connais­sance des Pères de l'Église, Eucher de Lyon n'est pas un inconnu. Il a déjà été pré­senté dans le numéro 79 sur Lérins et dans le numéro 92 sur S. Maurice, publié en écho du col­loque qu'Otto Wer­me­linger avait organisé à l'Université de Fri­bourg sur S. Maurice et la légion thé­baine. De plus, il se situe dans le milieu de Lérins, qui a été un creuset de la vie monas­tique au ve siècle et un centre de rayon­nement important, par les évêques qui en sont issus et qui, comme Eucher de Lyon, ont fait connaître, par exemple, les Confé­rences de Jean Cassien.

Marie-??Anne VANNIER