Dire que la Révolution ne doit rien aux traditions religieuses est aussi plausible que d'affirmer qu'elle ne doit rien à la France. Pourtant, du côté catholique, on s'est acharné à nier toute généalogie, les révolutionnaires également, alors que la déchristianisation rejoue certaines scènes de la Réforme et des thématiques chrétiennes continuent d'organiser l'espace public. Il fallait, après les origines intellectuelles et culturelles de la Révolution, reprendre le dossier complexe de ses origines religieuses. Tâche à laquelle s'est attelé Dale K. Van Kley dans ce livre devenu un classique.
Tout commence par les guerres de Religion et leur contestation du pouvoir monarchique et de la religion royale. Tout s'enflamme à nouveau avec les générations jansénistes du XVIIIe siècle après la bulle Unigenitus. Cette nouvelle théologie politique issue aussi bien des protestants que des milieux catholiques rencontre stratégiquement les efforts des «philosophes» pour repenser entièrement tous les fondements de la souveraineté. Le cycle ouvert par 1789 aura donc hérité des transformations profondes du christianisme moderne. Comment une révolution aux origines si «religieuses» pouvait-elle éviter la violence antireligieuse ?