Matteo ricci. à la découverte du christ chinois
Thierry meynard
Depuis une trentaine d'années, Matteo Ricci est présenté comme modèle de la rencontre intellectuelle entre la Chine et l'Occident. Jésuite comme l'auteur, le P. Ricci est un croyant formé en Italie au XVIème siècle et qui sera confronté à un monde culturel, en l'occurrence chinois, si étrange au premier abord, et pourtant si révélateur de la profonde universalité de la foi chrétienne. Que la Chine impose aujourd'hui, de façon formidable sa présence sur la scène internationale, personne ne le niera. Présence économique et politique certes, culturelle aussi. D'aucuns s'en méfient, par peur d'une concurrence qu'ils estiment peu fiable ou honnête. D'autres avancent que la réalité des temps présents est telle qu'elle invite plutôt à des échanges, c'est-à-dire des apports réciproques, fructueux au profit de tous. Qu'aurait dit Matteo Ricci de nos jours ? La question serait vaine si son attitude ne nous suggérait des ouvertures et des initiatives vers l'autre, non pour se renier soi-même, mais plutôt pour aller de l'avant vers une meilleure connaissance des hommes, et donc de l'humanité. Il n'est pas besoin de rappeler les grands textes du Concile Vatican II pour le souligner. La catholicité de l'Église se manifeste au XXIème siècle de façon plus forte qu'autrefois : les cultures diverses trouvent dans l'Église non pas un accueil sympathique quelque peu condescendant, mais plutôt des lieux de célébrations du même Dieu, révélé en Jésus-Christ, inspirées par le Saint Esprit. Dans cet ouvrage , il sera peu question de la spiritualité de Matteo Ricci. Il fut lui-même discret sur sa vie de prière, sur sa vie de religieux dans la Compagnie de Jésus. Elles ne cachent cependant pas des ombres qui obscurcirent certaines années de sa pérégrination vers Beijing, ni la patience qu'il lui a fallu pour se faire accueillant aux visiteurs plus ou moins intéressés par des avantages mondains plutôt que philosophiques ou théologiques. Parler de la sainteté de Ricci, c'est plus simplement admirer son ouverture à la culture chinoise en raison d'un approfondissement de sa foi chrétienne. Audace ? Risques ? Il semble qu'il s'y soit porté sans appréhension paralysante, par amour de Dieu et des hommes, ses « prochains ». S'il ne fut pas le premier à entrer en Chine --- l'histoire nous dit que le christianisme y fut introduit au VIIème siècle, puis fut présenté à nouveau au XIIIème siècle ---, c'est lui qui a le premier exprimé le mieux la chance pour le christianisme de se confronter au confucianisme afin de se connaître davantage lui-même. Le livret présenté ici s'appuie sur d'excellentes biographies et autres ouvrages académiques. Il cite aussi de nombreux extraits d'écrits ou de lettres de Matteo Ricci. L'auteur a voulu retracer un pèlerinage, comme dirait Saint Ignace de Loyola en parlant de sa conversion jusqu'à la fondation de la Compagnie de Jésus. Ce bref ouvrage est donc une invitation à contempler un cheminement et à s'en inspirer pour vivre la foi chrétienne dans sa totale catholicité.