Rédigé en 1188 par le philosophe néoconfucéen Zhu Xi (1130-1200), ce mémoire confidentiel destiné à l'empereur Xiaozong dresse un implacable réquisitoire face à la corruption et l’incurie du système politique de son époque, et propose la mise en œuvre de réformes visant à corriger les institutions et à redresser le pays. Partisan d’un confucianisme rénové, Zhu Xi estime que seul le ralliement de l’empereur aux idées contenues dans les classiques, dont La Grande Étude constitue le texte fondamental, permettra de remettre le pays sur la bonne voie. Fidèle à la tradition confucianiste d’engagement au service de l’État et de la société, Zhu Xi développe une argumentation politique où ses idées philosophiques apparaissent en filigrane, mettant en œuvre ce « courage de la vérité » analysé par Michel Foucault. Rédigé dans le style sobre et élégant des lettrés, le Mémoire scellé sur la situation de l’Empire de 1188 offre une véritable leçon de confucianisme appliqué au gouvernement de l’Empire.
Zhu Xi (1130-1200), philosophe et lettré originaire du Fujian, est le représentant majeur de la pensée « néoconfucéenne » sous les Song (960-1279). Il est l’auteur d’une œuvre spéculative et intellectuelle considérable qui lui a parfois valu d’être comparé à saint Thomas d’Aquin. Ses commentaires aux Quatre Livres (Confucius,Mencius, La Grande Étude, L’InvariableMilieu) ont constitué la base du savoir lettré en Chine jusqu’au début du XXe siècle.
Roger Darrobers enseigne la langue et la civilisation chinoises à l’Université Paris Ouest-Nanterre. Membre du CRCAO (UMR 8155), il a traduit, en collaboration avec Guillaume Dutournier, Une controverselettrée. Correspondance philosophique sur le Taiji, de Zhu Xi et Lu Jiuyuan, publié aux Belles Lettres en 2012.