Le deuxième volume de cette recherche manifeste que, contrairement à une idée répandue, ce titre a continué d'être utilisé durant les IVe et Ve siècles. Mais quel est le fondement de cette appellation ?
L'analyse précise des textes prouve que, à partir du milieu du IVe siècle, ce terme a été employé pour exprimer notre lien fraternel avec le Christ. Tout en demeurant « Seigneur », celui-ci a voulu, par son incarnation, se faire le « Frère en vie humaine » de tous les hommes et femmes de tous les temps.
Mais, à tous, il propose de vivre plus profondément ce lien de fraternité en recevant librement la vie de Dieu à travers les sacrements. C'est ainsi que, par le baptême dans l'Esprit d'Amour, le Christ devient notre « Frère en vie divine » et que, par l'Eucharistie, ce lien vital de fraternité avec lui ne cesse de se renforcer.
C'est une véritable « théologie du Christ-Frère » qui s'est ainsi développée au sein de l'« Église-Fraternité ». Les nombreux textes des Pères présentés ici sont d'une richesse immense. Il est indispensable de les découvrir et de les remettre en valeur. Alors pourra se développer cet « amour fraternel » (philadelphia), effectif et ouvert à tous, caractéristique de l'Église.
Michel Dujarier, prêtre de Tours, a été au service du diocèse de Cotonou (Bénin) de 1961 à 1994. De 1994 à 2000, il fut chargé de l'accompagnement des prêtres français travaillant, au titre de Fidei Donum, en Afrique, Asie et Océanie. Docteur en théologie, il a enseigné la patrologie au Grand séminaire de Ouidah et à l'Institut catholique d'Abidjan, tout en exerçant d'importantes fonctions pastorales.