Voici le livre savoureux d'un « moine poète ». Dans la veine d'un François Cassingena-Trévedy, moine de Ligugé et de ces « Étincelles », Jean-Yves Quellec manie avec la dextérité de l'artisan l'art de l'aphorisme spirituel. On lira dans ce livre, dans lequel on peut se promener comme dans un jardin, une brassée de citations, de « brindilles » et « gravillons » spirituels glanées au fil de la prière et de la méditation du moine, prieur de l'abbaye de Clerlande, en Belgique. « Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin » peut-on lire dans l'évangile de Matthieu. C'est effectivement un « autre sentier » - celui de la poésie et de la mystique - que nous invite à emprunter l'auteur. « Je me reconnais dans la réponse d'un poète à la question banale "Pourquoi écrivez-vous ?" : "Pour mieux vivre". J'ajouterai, parce que cela me semble honnête et même si je fais état d'une prétention démesurée : "Pour aider quelques-uns à mieux vivre". » Voici donc les bribes d'un passant, d'un homme qui tente de gagner son lieu, de retourner chez lui comme les Mages, « par un autre chemin », ou comme Marie de Nazareth après son voyage en Judée. Les moines font profession de parcourir ce chemin de retour, de conversion, de retournement, de façon inhabituelle certes mais avec grande humanité. « Je me dis qu'on peut aller loin en restant chez soi. »