Le catholicisme vert
Olivier landron
Nous prenons de plus en plus conscience du rôle fondamental de la nature dans notre société occidentale, qui a parfois cru, après la révolution industrielle, qu'elle pouvait vivre sans ou en dehors d'elle. Les historiens du christianisme contemporain ont, jusqu'ici, peu abordé les rapports entre l'Église et la nature. Les préoccupations écologiques de notre société contemporaine, ainsi qu'un certain retour à la nature, constituent un cadre favorable à une réflexion sur l'histoire des relations entre le catholicisme et l'environnement. Au XXe siècle, la pensée catholique, tant au plan de la littérature, de la philosophie que de l'art, a su se montrer innovante dans ses rapports à la nature. Ainsi en est-il de Péguy ou de Claudel, qui ont fait preuve dans leurs oeuvres d'une réelle admiration pour la beauté de la Création, pour ses paysages en particulier. Dans le domaine philosophique, des penseurs comme Lanza del Vasto et Gustave Thibon ont développé des arguments en faveur de l'écologie. Quant à l'art, Dom Robert, moine d'En Calcat, a consacré la majorité de ses tapisseries au thème d'une nature colorée. L'Église catholique a aussi accordé une grande importance à des mouvements d'éducation qui se sont enracinés dans un cadre naturel. Pensons au scoutisme et aux colonies de vacances. Ainsi, ce travail de recherche se donne comme objectif de répondre clairement à la question suivante : comment le christianisme du XXe siècle a-t-il pris en compte la nature, d'abord d'un point de vue théologique, philosophique, puis pastoral ? Si, dans cette analyse, le catholicisme français a été privilégié, il n'a cependant pas été exclusif, car les textes des papes du XXe siècle et les réflexions de certains épiscopats européens ont fait l'objet d'une grande attention.