Qui nous aide à respirer commence par nous couper le souffle : chaque texte du livre de Jean-Marie Kerwich est un paquet d'embruns qui ouvre violemment la fenêtre de l'âme. Cette violence est salutaire - l'ultime ruse de la douceur du ciel pour nous atteindre. C'est toujours malgré eux que les prophètes de la Bible deviennent le bois sec dont s'empare le feu de l'absolu pour nous éclairer. Pas plus qu'eux Jean-Marie Kerwich n'a choisi de changer en or les mots qu'il touche avec ses doigts noircis de gitan. Jérémie et Isaïe sont ses frères d'écriture. Comme eux il cherche à tirer Dieu de son sommeil. Comme eux le loup de son âme hurle à la lune blanche. La technique a ensorcelé nos vies, jusqu'à nous faire oublier qu'elles devaient à leur fragilité leur seule vérité. En nous rendant tout-puissants la technique nous extermine. Nous avons crucifié la nature. Le souffle brûlant de ce livre la ressuscite. Un va-nu-pieds nous redonne les clés du ciel qu'on pouvait croire à jamais perdues.